Franchise : d’où vient le concept ?

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Aujourd’hui, lorsqu’on parle de franchise, on sait tout de suite qu’il est question de commerce et de collaboration entre deux entrepreneurs. Mais savez-vous qu’autrefois, ce terme avait un tout autre sens ? Il est d’ailleurs apparu des siècles avant que le concept actuel n’apparaisse. Comment ce système commercial est né et quelles sont ses origines ?

Franchise : un mot qui naît au Moyen-Âge

Le terme « franchise » apparaît dès 1130, mais à cette époque il se référait au statut de « condition libre ». Il s’opposait alors aux termes « vassalité ou encore servage » puisqu’octroyait quelques libertés à certaines personnes.

En 1215, une autre définition est apparue en droit ancien. Le terme se référait alors à un droit qui limitait l’autorité du souverain sur une ville ou une corporation. C’est de cette deuxième définition que sont apparus d’autres termes comme « franchise de TVA » signifiant « exemption de TVA ». Ainsi, ce qu’on désigne actuellement par exemption de TVA signifiait franchise de TVA au Moyen-Âge. Vu la signification actuelle du mot, on peut se demander ce qu’il a de commun avec le système commercial que nous connaissons aujourd’hui.

En 1966, le terme « franchising » a commencé à être utilisé dans son sens moderne. Notez que ce mot anglais est issu de l’ancien français pourtant, après l’usage de franchising, le mot a été re-francisé pour donner franchisage. Ce dernier est utilisé à partir de 1969 puis en 1973 est né le verbe franchiser. Peu à peu, les autres mots liés sont apparus comme franchisé, franchiseur, franchise ou franchisage.

Le système coopératif … l’ancêtre de la franchise

Le système coopératif … l’ancêtre de la franchise

Si les mots qui le définissent sont assez récents, les prémices de la franchise en tant que système commercial remontent à plus loin dans le temps, et plus précisément au 19e siècle avec ce qu’on appelait alors « système coopératif ».

Ce sont les consommateurs qui ont décidé de créer un tel système pour la première fois. Les détaillants ne tardent pas à suivre le mouvement et commencent à créer des coopératives de détaillants. Comment cela fonctionnait ? Plusieurs commerçants se regroupaient sous une même enseigne ou dans un même groupe. Ils achetaient ensuite en gros auprès des fournisseurs pour bénéficier de meilleurs tarifs. Ce système a duré pendant de nombreuses années jusqu’à ce que naissent les succursales.

Succursale : un pas de plus vers la franchise

Quand les premières enseignes succursalistes voient le jour à la fin du 19e siècle, ils sont entrés en concurrence directe avec les réseaux coopératifs. Alors que ces derniers regroupent des indépendants réunis au sein d’une même enseigne, les succursales appartiennent à des grossistes qui affectent un de leurs salariés à la tête de chaque succursale créée. Parmi l’un des pionniers de ces succursalistes, on peut citer le géant Casino. Fort de son expérience et du succès de son système, ce dernier décide de lancer sa propre marque à partir de 1901.

Jusque dans les années 60-70, le système succursaliste a le vent en poupe. De nos jours, les anciennes succursales encore sur pied sont regroupées au sein de ce qu’on appelle « grande distribution ».

Singer définit les grandes lignes de la franchise

Si le commerce organisé existe depuis le Moyen-Âge, c’est bien l’entreprise Singer qui va commencer à définir les premières grandes lignes de ce qu’est la franchise.

En 1858, Isaac Merritt Singer doit réparer une machine à coudre. Dans la foulée, il décide d’apporter plusieurs améliorations à la machine pour la rendre plus performante et plus ergonomique. L’inventeur a déposé des brevets pour chacune des modifications apportées.

Après être passé entre les mains de Singer, la machine à coudre devient effectivement plus performante, mais aussi plus complexe à utiliser. La commercialisation se montre alors difficile vu que les clientes avaient du mal à la manipuler. Pour remédier à ce souci, Singer et son associé, Edward Clark, eurent une brillante idée : former des commerçants indépendants pour écouler les produits. Puisque les commerçants savaient désormais utiliser la machine, ils pouvaient se permettre de transmettre les rouages à leurs clients pour multiplier les ventes. Le succès fut au rendez-vous et les deux associés décident de former plusieurs commerçants à travers les Etats-Unis.

Le système de la franchise venait de naître.

Lire aussi – Pourquoi devenir franchisé ?

General Motors : franchiseur ou concédant ?

Certains disent que General Motors est aussi un des pionniers de la franchise, ce qui n’est pas vrai. Par contre, il est l’un des pionniers de la concession puisqu’il a été le premier à ouvrir des points de vente exclusifs à travers les Etats-Unis. C’était durant la crise de 1929.

A cette époque, General Motors était aussi touché par la crise mondiale. Il en a toutefois profité pour détrôner son grand concurrent de toujours, Ford. Pour prendre le dessus sur son meilleur rival, il décide de s’associer avec des entrepreneurs indépendants pour ouvrir des points de vente exclusifs. Il a alors accordé des crédits à ces derniers pour qu’ils puissent lancer leur affaire et en contrepartie, les entrepreneurs lui devaient fidélité et exclusivité.

Même si la méthode se rapproche un peu de la franchise, elle en diffère à certains niveaux. Voilà pourquoi il faut reconnaître que General Motors est plus un concédant qu’un franchiseur.

Pingouin lance réellement le système de franchise

Pingouin est une marque appartenant au Groupe Prouvost. Ce dernier est le propriétaire de la Lainière de Roubaix. A ses débuts, le groupe distribuait ses produits dans diverses boutiques sous forme d’écheveaux de laine commercialisés dans de grands sacs.

Conscient des contraintes que cela occasionnait aux clients, le groupe décide de créer un nouveau format pour ses laines : la pelote. Plus facile à transporter et surtout à écouler au détail, les ventes se multiplient assez vite. Pour les accélérer davantage, le groupe décide de repenser l’aménagement de ses boutiques ainsi que le format des casiers de présentation des pelotes. Il décide aussi de former les commerçants pour la vente de ces nouveaux produits, de les aider à aménager leurs locaux et de les soutenir dans la gestion de leurs produits pour les écouler facilement.

Pingouin vient alors de mieux définir les principes de la franchise puisqu’en plus de fournir les boutiques, il leur transmet aussi son savoir-faire, sa marque et les accompagne dans la gestion de leur affaire. C’était dans les années 30.

A lire – Qu’est-ce qu’une franchise ?

La franchise se popularise à travers le monde

La franchise se popularise à travers le monde

Après la Seconde guerre mondiale, le concept de « franchising » a le vent en poupe aux Etats-Unis. L’enseigne Mc Donald’s est l’un des premiers exemples que l’on peut encore citer de nos jours.

A partir de 1970, la franchise commence aussi à se développer en France grâce à Charles Géraud Seroude. L’homme a vécu pendant des années aux Etats-Unis où il s’est formé aux méthodes de la franchise au sein de l’Alfred P. Sloan School. Quand il revient en France, il réussit à convaincre de nombreuses entreprises à se lancer dans ce nouveau système commercial. Parmi ceux qui l’ont suivi, on peut citer La Redoute, Yoplait … Plus tard, même les succursalistes comme Casino ont adopté le concept.

De nos jours, la France compte plus de 2000 réseaux de franchises.

Franchise, succursale et concession

Même si ces trois concepts se rejoignent sur de nombreux points, ils restent différents. Voici pourquoi :

  • La franchise consiste à transmettre son savoir-faire et son image de marque à un entrepreneur indépendant qui reste gérant et propriétaire de son enseigne tout en promouvant les produits et le savoir-faire de son franchiseur. Sans ce cas de figure, le franchisé est propriétaire de ses locaux, de ses produits et de son chiffre d’affaires.
  • Le succursaliste ouvre des points de vente et place un gérant salarié à sa tête. Le gérant perçoit un salaire fixe par mois et se charge de développer le point de vente qui lui est confié. Dans ce cas de figure, le stock vendu appartient au succursaliste.
  • La concession octroie à une enseigne le droit de distribuer les produits du concédant. Ce dernier lui accorde une licence et une exclusivité territoriale. En contrepartie, le concessionnaire s’engage à ne distribuer que les produits de son concédant. Dans ce cas de figure, le stock appartient au concessionnaire, mais ce dernier doit exclusivement se fournir auprès de son concédant.

Même si les trois systèmes existent toujours de nos jours, la franchise reste la plus utilisée du fait des nombreux avantages qu’elle procure.

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